Servir, une question de coeur
La vie chrétienne est une vie orientée vers le service des autres
Notre société occidentale vit en tension entre le repli sur soi et le don de soi.
D’un côté nous avons ceux qui scandent « la France aux français » et d’un autre, il n’y a jamais eu autant de volontaires qui s’engagent dans des associations de tout horizon qui œuvrent parmi les plus démunis. En fait beaucoup de gens chrétiens ou non éprouvent de la joie à venir en aide aux autres. C’est un fait semble-t-il reconnu que les humains les plus heureux sur terre sont ceux qui se donnent, qui servent les plus faibles, les moins bien lotis…
La Bible le dit d’ailleurs : « Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir. » (Actes. 20 :35)
Servir, c’est se donner et Jésus, est le modèle parfait du serviteur qui s’est donné.
Phil. 2 : 6 et 7 nous dit : « Lui, qui, dès l’origine, était de condition divine, ne chercha pas à profiter de l’égalité avec Dieu, mais il s’est dépouillé lui-même et il a pris la condition du serviteur. »
Jésus a servi son prochain par son ministère d’enseignement, de guérison, de délivrance, de prophétie, de générosité, de salut… La vie chrétienne est une vie orientée vers les autres ; Nous sommes encouragés à faire pour l’autre ce que nous aimerions qui nous soit fait et même plus encore : à considérer l’autre comme étant au-dessus de nous-même.
Parler du service est tout à fait opportun. La Bible nous confirme qu’une des raisons pour lesquelles nous avons été créés et sauvés, c’est pour servir. Il s’agit de tout un pan de notre destinée. Servir Dieu d’abord mais aussi son prochain ou son lointain dans l’église, sa famille, son voisinage, sa communauté, notre société… Donc nous voici aujourd’hui à réfléchir sur comment mieux servir.
I. Quelles sont nos motivations pour servir ?
Je vous suggère avant toutes choses de sonder votre cœur. Quelles sont les réelles motivations qui vous animent ? Vous désirez servir le Seigneur mais pour quoi ?
Servir pour être accepté de Dieu, gagner son salut ?
Déjà à l’époque de l’Egypte antique, on croyait que qq part nos bonnes actions allaient être comptabilisées et mises sur la balance. L’éternité du mort dépendait du côté vers lequel la balance allait pencher. Cette façon de voir est tenace ; elle est présente dans toutes les religions. Même les chrétiens peuvent se fourvoyer. On est sauvé par la grâce seule. Rien à payer. Rien à ajouter.
Lorsque Jean-François a visité son père avant sa mort, il a pu articuler à nouveau le message de la grâce de Dieu. Son père était un catholique pratiquant mais il était torturé à l’idée de n’avoir pas fait assez pour mériter d’aller au ciel. Pourtant il avait vendu ses biens et les avait données à la mission catholique en Côte d’Ivoire pour financer la construction d’églises et toutes sortes d’œuvres bonnes. Jean-François lui a rappelé ce que signifiait le sacrifice de Jésus. Il avait « tout accompli » pour notre salut. Le papa a alors répondu : « Oh j’aurais tellement aimé entendre ça plus tôt. »
L’expression « Travailler à son salut » dans Phil. 2 12 peut prêter à confusion. D’autres traductions sont plus heureuses : « Menez à bonne fin le salut qui vous a été donné ; traduisez-le en actes. » (Parole Vivante). Donc le sens de cette expression, c’est de mettre en œuvre, de traduire en actes son salut et non de « travaillez pour gagner son salut » Jacques 2 :14 dit aussi « A quoi servirait-il à un homme de dire qu’il a la foi s’il ne le démontre pas par ses actes ? »
Notre service ne nous fera rien gagner en terme de salut ; nous obéissons à notre maitre comme à l’époque le faisaient les esclaves. C’est quelque chose qui va de soi ; nous ne faisons rien d’extraordinaire. C’est dans ce sens qu’il est dit en Luc 5 :10 que nous devons nous considérer comme des « serviteurs inutiles ».
Chers amis, que la paix règne dans votre cœur. Votre salut est acquis complètement grâce au sacrifice de Jésus. Dieu vous a accepté. Mais vous l’avez-vous accepté ?
Servir pour acheter l’amour de Dieu, son approbation ?
L’amour ne s’achète pas. Dieu nous a aimés alors que nous n’étions pas aimables du tout. Nous l’aimons et le servons en retour parce qu’il nous a aimés le premier.
1 Jean 1 : 19 : « Pour nous, nous l’aimons car il nous a aimés le premier. »
Servir pour acheter l’amour des autres ?
Il peut être utile de réfléchir à l’image que nous avons de nous-mêmes. Peut-être avons-nous été tellement méprisés, négligés, abusés par des parents, des collègues… que nous sommes prêts à faire la carpette pour gagner un peu de considération. Servir dans cet état d’esprit n’est pas sain.
J’ai une très bonne amie qui a voulu se faire aimer par sa belle-famille qui était musulmane. Elle rendait service sans cesse. Elle était généreuse avec les uns et les autres. Elle a même donné de grosses sommes pour payer les études de médecine de son neveu. Mais le jour où le robinet financier s’est arrêté de couler, on l’a insultée, on lui a manqué de respect… Elle était complètement écœurée.
Cant. 8 :7 « L’homme qui offrirait tous les biens qu’il possède pour acheter l’amour n’obtiendrait que le mépris. »
Si vous servez dans l’objectif de gagner l’affection des autres, vous risquez d’être amèrement déçu.
Servir pour forcer la main de Dieu pour qu’il nous accorde un gain particulier, une guérison, une épouse… ?
On peut se réclamer de cette promesse pour le forcer à faire nos quatre volontés : « Chercher le royaume de Dieu et sa justice et toutes choses vous seront données en plus. » (Matth. 6 :33)
Certes, la promesse est là : « toutes choses vous seront données par-dessus tout. » C’est vrai qu’il y a une récompense dès ici-bas pour celui qui obéit et sert Dieu. Mais on ne peut pas manipuler la main de Dieu pour le forcer à nous bénir en retour de nos bons et loyaux services ! Dieu ne nous doit rien. « Tu ne tenteras pas le Seigneur, ton Dieu » Matth. 4 :7 On sert Dieu, on ne se sert pas de Dieu !
Servir pour gagner l’admiration des autres ?
Certains sont à l'affût de l’admiration des autres et cherchent à se faire remarquer, peut-être pour se donner de l’importance parce qu’ils ont une piètre image d’eux-mêmes, peut-être par orgueil, peut-par manipulation, être pour se faire élire à un poste important, gagner une promotion ici-bas… Alors ils font ostentation de toutes leurs bonnes œuvres. Ils se font un devoir de nettoyer les toilettes et de le dire à tout le monde. Ils peuvent même laver les pieds des chrétiens mais ce n’est qu’un show.
Ce que je fais n’a pas besoin d’être vu. Dieu lui voit ce qui se fait dans le secret et cela doit être pour nous suffisant. Matth. 6
Servir pour obtenir une promotion dans l’au-delà ?
Peut-être certains comme Jacques et Jean pensent à assurer leur place dans l’au-delà. Les récompenses, les couronnes que Dieu nous promet peuvent-elles être une saine motivation pour notre service ? Elles réjouissent, elles encouragent particulièrement ceux qui souffrent la persécution. Mais nous ne sommes pas appelés à servir pour gagner un siège à la droite ou à la gauche du Seigneur.
II. Pour bien servir, il faut comprendre d’abord qui nous sommes en Christ
Savoir quelles sont les ressources attachées à notre statut.
Nous ne sommes pas des serviteurs orphelins seuls au monde qui doivent se battre pour prouver quelque chose ou pour gagner quelque chose. Non nous sommes fils et filles de Dieu. Et c’est notre Père chéri que nous servons. Le problème, c’est que nous pouvons servir avec un esprit d’orphelin dans le but de nous faire aimer, apprécier, remarquer. Nous ne comptons que sur nos propres forces. Nous pouvons nous user à la tâche. Nous pouvons avoir l’impression de n’en faire jamais assez pour être aimés. Peut-être que le fils ainé dans l’histoire du fils prodigue était dans ce cas (Luc 15). Il n’avait pas compris qu’en étant fils, toutes les richesses de son père étaient également les siennes.
Une fois que nous sommes devenus conscients de notre statut, nous réalisons que nos ressources sont illimitées car Dieu est la source de nos ressources. Son esprit va nous donner tout ce dont nous avons besoin en termes de forces, de ressources mentales, spirituelles…
« Tout ce qui est à moi est à toi et ce qui est à toi est à moi. » Jean 17 :10
« Je ne manquerai de rien. » Ps. 23 :1
« Je puis tout par celui qui me fortifie. » Phil 4 :13
III. Quelles sont les qualités requises pour notre service chrétien ?
Nous sommes appelé à « servir avec joie. »
Col. 3 :23 « Tout ce que vous faites, faites le de bon cœur comme pour le Seigneur et non pour les hommes. »
Rien de plus malsain que quelqu'un qui sert dans l’église de « mauvais cœur ». Son amertume va empoisonner l’atmosphère de la communauté. La frustration : « C’est toujours les mêmes qui font tout ! »
Nous sommes appelé à servir avec persévérance
Il arrive très souvent que ceux qui servent le Seigneur soient atteints par le découragement. On dit que c’est une des armes les plus terribles du diable. Dans Es. 49 :1- 4 : on voit une personne appelée par Dieu, équipée pour le ministère, à qui le Seigneur a fait de grandes promesses, qui est atteint par le découragement, prêt à jeter l’éponge. Mais il se ressaisit, il met sa foi en action, il proclame la victoire du Seigneur et il persévère.
1 Cor. 15 : " Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, travaillant de mieux en mieux à l'œuvre du Seigneur, sachant que votre travail ne sera pas vain dans le Seigneur. "
La persévérance, c’est le chemin le plus court vers la réussite.
Nous sommes appelé à servir avec humilité
Jésus disait de lui-même : "Je ne recherche pas la gloire pour moi-même." Jean 8 : 50
Phil. 2 : 3, 4 « Ne faites rien par esprit de parti ou par vaine gloire, mais que l'humilité vous fasse regarder les autres comme étant au-dessus de vous-mêmes. Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres. »
Pensons à ce geste incroyable que Jésus a fait lors du dernier repas avec ses disciples, quand lui le maître a pris la serviette et la bassine et a lavé les pieds de ses disciples.
Nous sommes appelé à ne pas faire acception de personnes
En Roumanie, j’ai été choquée par le mérite : « ça ne sert à rien de s’occuper des prostituées, elles ne le méritent pas. »
De nos jours, le cas des réfugiés fait beaucoup jaser même chez les chrétiens. Parfois, je le dis à notre honte, les non chrétiens agissent davantage avec le cœur de Jésus que ceux qui se disent fils et filles de Dieu. Par exemple l’association Roya citoyenne qui a pour but l'urgence de porter secours aux réfugiés et migrants de passage dans la vallée de la Roya. Ces paysans des montagnes se mobilisent pour accueillir ces jeunes et moins jeunes transis de froid, assoiffés, stressés au risque de désobéir à la loi. On les traîne devant les tribunaux pour « délit de solidarité ».
Jacq . 2 : 8, 8 « Si vous accomplissez la loi royale, selon l'Ecriture: Tu aimeras ton prochain comme toi-même, vous faites bien. Mais si vous faites acception de personnes, vous commettez un péché. »
Nous sommes appelé à servir avec obéissance
Jeanne d’Arc : « Messire Dieu premier servi. » Elle avait entendu la voix de Dieu d’aller délivrer la France de l’oppresseur, elle a obéi envers et contre tout. On l’a prise pour une folle, une sorcière, une sainte. Peu importait ce qu’on pensait d’elle.
« Non pas ma volonté mais la tienne. » (Matth. 26 : 39) a dit Jésus au jardin de Gethsémané. Quand Dieu nous appelle à une œuvre spéciale, on ne pose pas nos conditions, nos limites.
Nous sommes appelé à servir de façon sacrificielle
Rom. 12 : 1 « Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant. »
Un sacrifice vivant, c’est quoi ? Me vient à la pensée une mère qui allaite, qui se réveille 10 fois la nuit, qui est au four et au moulin, qui n’a pas le temps de se poser pour regarder un film ou aller chez le coiffeur. C’est quelqu’un qui donne tout. Etre mère est un ministère sacrificiel.
Comme Jésus a offert sa vie en sacrifice ultime, beaucoup au cours des siècles ont vécu le martyr à cause de leur engagement dans le service de Dieu.
Phil. 2 : 8 « et ayant paru comme un simple homme, il s'est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort de la croix. »
Il y a ceux qui ont le nom est inscrit dans les livres d’histoire de l’église et d’autres encore plus nombreux qui ne sont connus que de Dieu seul, les soldats inconnus morts pour la patrie céleste : je pense aux missionnaires qui ont attrapé la malaria au XIXème siècle, ou encore les martyrs en Equateur chez les cannibales au siècle dernier, ou aux trois chrétiens de Malatya en Turquie qui ont été égorgés il y a juste une dizaine d’années.
Nous sommes appelé à être motivé par l’amour de Dieu et de son prochain
Ce sont là les deux plus grands commandements : Luc 10 : 7 « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, et de toute ta pensée; et ton prochain comme toi-même. »
Si nos motivations ne sont pas justes, la Bible dit que « cela ne sert à rien. »
1 Cor. 13 : 3 « Quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais même mon corps pour être brûlé, si je n'ai pas l’amour, cela ne me sert de rien. »
La suite nous présente ce que Dieu entend par « amour », elle nous décrit l’amour agape qui doit motiver notre service dans les versets 4-7 « La charité est patiente, elle est pleine de bonté; la charité n'est point envieuse; la charité ne se vante point, elle ne s'enfle point d'orgueil, elle ne fait rien de malhonnête, elle ne cherche point son intérêt, elle ne s'irrite point, elle ne soupçonne point le mal, elle ne se réjouit point de l'injustice, mais elle se réjouit de la vérité; elle excuse tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout. »
CONCLUSION
Dans le service, nous pouvons commencer bien, les motivations sont saintes et puis au fil du temps, au fil des désillusions, des trahisons, des épreuves, notre cœur peut choper quelques virus.
Je vous invite à scanner votre cœur et à prier « Sonde-moi o Dieu et connais mon cœur, regarde si je suis sur une mauvaise voie et conduis-moi sur la voie de l’éternité. » (Ps.139 : 23, 24) « Seigneur crée-moi un cœur pur, renouvelle en moi un esprit bien disposé. » (Ps. 51 : 10)
Dieu s'intéresse, en effet, moins à ce que vous faites qu'au cœur avec lequel vous faites les choses.
Que notre cœur soit semblable au cœur du serviteur nommé Jésus pour accomplir les œuvres auxquelles il nous appelle
Méditation de Catherine Gotte-Avdjian