Jésus couchera-t-il dehors encore ce soir ?
Une demandeuse d'asile désespérée
Je reçois un jour le message d’une amie demandeuse d’asile, désespérée. En fin de droits, on a vidé tout son appartement et changé sa serrure ? Elle se retrouve à la rue avec toute sa famille – dont un bébé. Chaque soir, elle appelle le 115. « Pas de place, rappelez plus tard ! » Toutes les portes restent fermées, même celles des églises.
Une statue singulière: l'oeuvre de Timoty Schmalz dérange
Me vient à l’esprit la statue d’un homme endormi recroquevillé sur un banc, revêtu d’une couverture qui lui masque le visage et ne laisse dépasser que ses deux pieds nus… percés. On raconte qu’une dame du quartier a cru qu’il s’agissait d’une vraie personne et elle a dénoncé aux autorité la présence de ce vagabond qui pourrait nuire à la « sécurité du quartier ». L’œuvre de Timothy Schmalz dérange : les cathédrales de New York et de Toronto l’ont refusée estimant qu’elle était trop osée dans sa manière de présenter Jésus de cette façon.
Conte de Ruben Saillens : le Père Martin
Me vient également à l’esprit un conte de Noël que j’affectionne particulièrement, celui écrit par Ruben Saillens, « Le Père Martin » (repris par l’écrivain russe Tostoï).
C’était un vieux cordonnier, solitaire. Son échoppe donnait sur la place du quartier. Depuis peu, on le trouvait plus joyeux, probablement à cause du « vieux livre » qu’il lisait souvent. Noël approchait. Un soir, en lisant le récit de la nativité, il soupire voyant qu’il n’y avait pas de place pour Marie et Joseph dans les hôtels de Bethlehem. Il se dit qu’il les aurait bien reçus chez lui. S’étant assoupi, il entend comme une voix l’invitant à être très attentif le lendemain car Jésus passera incognito. En sursaut, il se réveille, son cœur bat la chamade. Dès les lueurs du jour, il se met à guetter les passants : il aperçoit le balayeur de rue frigorifié et lui propose une tasse de café. Il donne quelques bonbons aux enfants à la sortie de l’école. Il offre des chaussures au petit d’une pauvre femme qui s’en va à l’hôpital. Mais le soir venu, alors que chacun se prépare à fêter le réveillon, le voici dépité et triste : « Il n’est pas venu, il n’est pas venu… » Tout à coup, la chambre se remplit d’une lumière surnaturelle et devant lui se tiennent toutes les personnes à qui il a tendu la main pendant la journée. « Mais qui êtes-vous donc ? » s’écrit le pauvr’ homme. Alors le petit enfant, dans les bras de sa maman, montre du doigt un passage sur la Bible ouverte : « J'ai eu faim et vous m'avez donné à manger ; j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire ; j'étais étranger et vous m'avez accueilli ; j'étais nu et vous m'avez habillé ; j'étais malade et vous m'avez rendu visite… Toutes les fois que vous avez fait cela à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait. » (Matthieu 25 : 35, 36, 40) Le Père Martin comprit soudain qu’en bénissant tous ces « petits », c’était Jésus lui-même qu’il avait béni.
L'Avent : une saison pour l'accueil
En cette saison de l'Avent, ouvrons les yeux pour discerner Jésus, dans toutes ces personnes autour de nous qui sont dans le besoin. Puis ouvrons notre cœur, notre table et – pourquoi pas ? - notre maison pour les accueillir.